09/02/2009

Le plus haut sommet des Alpes : Une Tour !

Autrefois alpage, Shatzalp n’était qu’une belle terrasse ensoleillée où paissaient les bêtes lorsque l’herbe se faisait plus rare dans la vallée.
Dès 1900, la montagne reconnue pour ses vertus curatives de la tuberculeuse, accueillit de nombreux malades dans les sanatoriums. La montagne devint « magique ».
La Schatzalp ne fut pas épargnée. Tout de béton, un bâtiment monolithique fut construit pour l’accueil des malades (décrit dans l’ouvrage de Thomas Mann : « La montagne magique »), offrant de larges terrasses pour les bains de soleil des curistes.
La science trouva le remède contre la tuberculose et les lieux furent désertés. L’ancien sanatorium fut remanié en accueil hôtelier pour les sportifs et contemplatifs de la montagne et des sports d’hiver.
Aujourd’hui, le bâtiment se délabre par manque d’entretien.






Les architectes bâlois : Herzog & De Meuron imaginent et proposent la construction d’une tour de 105m de haut sur le site du terminus actuel de la voie ferrée. La tour rassemblerait 70 appartements de luxe, dont le produit de la vente permettrait la rénovation de l’hôtel en hôtel 5 étoiles.
L’architecte chargé du projet affirme que la typologie architecturale de la tour est celle qui répond aux mieux aux caractéristiques du site. Offrant les avantages de la compacité de l’ensemble des logements, la tour s’impose face au mitage qu’aurait impliqué la construction de chalets pour le même nombre de logements, de même que la construction de plusieurs bâtiments collectifs requérant des routes d’accès et des aménagements de terrain plus importants. Evitant ainsi le front de neige, le bâtiments offre à la vue à chacun une vue magnifique et l’accés directe aux pistes « skis aux pieds ».
Le choix s’avère économique et écologique. Mais était-ce là l’unique alternative ?

Le projet a soulevé certaines protestations notamment de la part de la Fondation suisse pour la protection et l'aménagement du paysage (FP) et de la Compagnie des remontées mécaniques de Davos Klosters ayant fait recours.
Mais le bâtiment pourra être construit, les oppositions ont été rejetées, jugeant « qu´une telle tour a sa place dans ce paysage alpin situé à 1864 mètres d'altitude ».
«Mieux que des maisons de vacances» «Ce bâtiment de grande qualité architecturale soulignera le caractère de métropole alpine de la station »
Sous ces airs de métropole, Davos ne cherche plus à passer pour un village idyllique mais s’affirme en tant que ville de montagne.

Ce type de bâtiment - déjà exposé dans un précédent article : Intégrer la pente avec l’exemple de L’Hotel Tower, Tomamu, Japon, 1980 - présente l’intérêt de la construction d’un habitat collectif dense et compact tout en préservant l’environnement naturel immédiat.



Mais qu’en est-il de l’impact visuel dans le paysage ?
Un signal ? Un symbole ?
Sans doute celui de l’urbain face au rural.
Mais n’est-ce pas une manière de faire un « pied de nez » au site ?







Sources :
http://archives.tdg.ch/
http://www.schatzalp.ch
http://www.aroots.org/
www.batiactu.com

06/08/2007

Ski aux pieds, Pieds des pistes, Pistes sur toits...



Trysil, station de sports d'hiver en Norvège, projète la réalisation d'un complexe regroupant hôtel et appartements. Cet ensemble a été imaginé par Bjarke Ingels et son bureau d'architecture BIG.
Cherchant un compromis entre l'innovation et la tradition, l'équipe norvégienne d'architectes a choisi de limiter les déplacements chaussures au pieds et skis sur épaule au profit de bâtiments fondus dans la traditionnelle grenouillère permettant l'accès direct aux pistes. Le site aménagé en pente douce permet l'accès aux pistes depuis la sortie des bâtiments. Un remonte-pente traverse le bati de l'hôtel afin de relier les bâtiment situés au plus bas à ceux situés au plus hauts.


L'innovation de ces bâtiments se situe dans la réalisation d'une toiture végétalisée se recouvrant de la neige en hiver afin de transformer le toit du bâtiment en une véritable piste de ski. Le bâtiment se fond dans le paysage en hiver autant qu'en été.


Les parkings sont entièrement souterrains dissimulant les voitures de la montagne et laissant entièrement les espaces extérieurs pour la pratique des loisirs et du ski.

Chaque module d'appartement situé sous le toit a été étudié de façon à offrir une pente praticable et accessible au skieurs sur le toit par un ascenseur.

La "toiture-piste-de-ski" avait depuis longtemps été imaginée sans jamais dépasser le stade de l'esquisse :


Hôtel intégré dans les pistes, Etude pour la Foux d’Allos, France, Laurent CHAPPIS


Le concept proposé pour la station de Trysil par cette équipe norvégienne est audacieuse dans sa réalisation mais manque d'analyse du site existant. Les bâtiments s'intègrent seuleument par leur aspect (toiture végétalisée) dans la montagne mais restent tout de même des paquebots proposant un ensemble de logements important sans se soucier des vis-à-vis apportés.
L'utilisation des pistes offre une vision artificielle de la piste de ski sur un toit car elle ne peut-être percue comme un prolongement du domaine skiable mais plutôt comme une excroissance factice de la montagne. Ce type d'organisation fonctionnerait dans n'importe quel site et ne prend pas en compte les données propres du site.

Cette conception de la "toiture-piste-de-ski" se prête tout à fait à un encastrement du bâtiment dans la montagne, permettant ainsi de dissimuler au maximum le bâti tout en offrant la vue et le soleil pour tout le monde et en évitant le maximum de vis-à-vis. Cette conception avait été imaginée par Laurent CHAPPIS pour un projet de rectructuration du clos du Mais à San Sicario en Italie mais n'avait jamais été réalisée.
La toiture, commune pour l'ensemble des bâtiments, était une piste de retour de ski large et non conditionnée par la largeur des bâtiments situés au-dessous. La liaison des logements au domaine skiable était réalisée par un téléski rejoingnant l'accueil en amont. Les parkings étant souterrains.

Projet de restructuration du clos du Mais, San Sicario, Italie, Laurent CHAPPIS


Ce type d'organisation reste exceptionnelle et audacieuse mais ne s'adapte pas à toutes les situations. Une station, un chalet ou une résidence ne sont parfaitement intégrés que lorsque les données du site sont prise en compte en amont du projet.

Sources :
Revue Ark , Février 2007, "tout schuss à travers le hall de l'hôtel"

11/06/2007

StationS de ski

Suite à l’apparition du tourisme de masse, les villages situés en altitude dans nos montagnes ont subis certaines modifications morphologiques afin de réponses aux besoins d’une clientèle nouvelle.

D’autres lieux ont aussi été envahis par les touristes, créant dans le seul but du ski des stations de ski intégrées et/ou en site vierge.


  1. Les stations de ski à travers le temps :
    • Les stations de 1ière génération :

Elles peuvent être qualifiées de spontanées. La station de première génération se développe autour d’un village préexistant situé en proximité de la montagne, d’un espace d’évolution à ski, et présentant des caractéristiques d’enneigement intéressantes (altitude, orientation…) dans le cadre d’un développement du tourisme de sports d’hiver.

Megève, Morzine, Saint Gervais, Chamonix…

    • Les stations de 2nde génération :

Ces stations « ex nihilo » (hors lieu) ont été conçues en site vierge exclusivement pour le ski. Le lieu est toujours choisi en fonction de son altitude, son enneigement, son orientation, mais surtout en fonction de son potentiel en domaine skiable.

Courchevel

    • Les stations de 3ème génération :


La station dite intégrée est imposée par le Plan Neige. Elle est conçue comme un « prototype de développement urbain ». Cette stratégie repose sur la convergence entre un promoteur, maître d’œuvre unique, une collectivité locale qui lui concède l’exclusivité de l’aménagement et les services de l’Etat qui animent et contrôlent le projet. La station est dense, la maîtrise est globale : architecture, financement, conception, réalisation, promotion, fonctionnement.

Typologie de la station intégrée

Cette 3ème génération est marquée par :

  • L’abandon des résidences individuelles en chalets
  • Une conception très groupée, voire en un seul bâtiment « paquebot » avec ou sans stations satellites
  • L’affirmation des volumes bâtis ou la recherche d’insertion dans le site
  • La transposition en général des conceptions et contraintes urbaines
  • La standardisation des logements, surfaces minimales, architecture répétitive
  • Pour certaines stations : volonté de conservation du cadre naturel, ou mimétisme avec l’urbanisme et l’architecture du passé, recherche architecturale plus novatrice, ou encore utilisation des voies de desserte en cheminements skieurs.

La Plagne

Avoriaz

Flaine

    • Le retour au village :

Aujourd’hui, on constate un engouement vers une échelle d’habitat de montagne plus modeste. Le village devient « roi » des touristes et la recherche « d’ambiance village se traduit par une prolifération de chalets reprenant des modèles, tant dans la volumétrie que dans le détails, jusqu’au delà de nos frontières. L’harmonisation du paysage bâti et l’unité sont des lignes directrices de la construction en montagne.

Montchavin-Les-Coches

Ski unique, typologies variées.

Pour certains, toutes les stations se ressemblent. Combinant neige, soleil, pente, ambiance, chalet et montagne, les stations répondent à un même besoin mais s’organisent selon différemment. Le lieu d’implantation y est souvent pour quelque chose.


  1. Les stations de ski à travers l’espace :

Quelques modèles d’organisation de l’espace des stations de sports d’hiver : (d’après R.Knafou, Mappemonde, 1989)


Domaine skiable développé sur un versant unique en amont de la station, ancienne et récente.
Flaine



Domaine skiable développé à partir d’une antenne de station elle-même relié au village par un téléporteur à gros débit.
Morzine-Avoriaz


Domaine skiable développé sur plusieurs versants convergents sur le village.
Megève



Vaste domaine skiable commun à de nombreuses stations de types différents.
Les trois Vallées


Domaine skiable éclaté. Liaison routière ou ferroviaire nécessaire en fond de vallée.

Légende des schémas :

Chaque station de ski, possède une histoire inscrite dans un lieu, rien ne sert de copier, c’est le lieu qui dicte ses règles. Selon son exposition, son passé, sa situation géographique chaque station de ski diffère de sa voisine. On ne peut dissocier l’espace du temps, les deux ne forment en réalité qu’un. La réussite de la création, du développement ou du renouvellement d’une station de ski est conditionnée tout d'abord par la prise en compte des contraintes dictées par le lieu puis par le programme qu’elle pourrait proposer.

A chaque lieu sa station, à chaque station son lieu.




Sources :

Chappis (Laurent), Legrand (Jean-Marc), Pradelle (Denys), Contribution à une architecture de montagne, Etudes et informations, Cahier mensuel du MRL, N°3 Mars 1955.

Chappis (Laurent), Aménagemente et Montagne, n°100, Mai 1991.

Hardy (Jean-Pierre), L’aventure architecturale des stations de sports d’hiver, Flaine, Sincère Béton, http://www.sabaudia.org/.

Lyon-Caen (Jean-François), Montagnes Territoires d'inventions, Ecole d'Architecture de Grenoble, Novembre 2003.


28/05/2007

Intégrer la pente

Construire en montagne implique incontestablement la prise en compte de la pente du site. Cette pente est à la fois contrainte et génératrice de solutions d’adaptation diverses selon les caractéristiques précises du site.
L’architecte se doit d’appréhender aux mieux cette contrainte en proposant des réponses adaptées selon l’orientation, l’ensoleillement, le programme, la nature du sol, le paysage où s’intègrera la construction projetée.
Plusieurs implantations sont possibles, en voici quelques-unes, illustrées d'exemples significatifs.

Habitat et Equipements Collectifs :

1- Implantation parallèle aux courbes de niveaux :

Le Monolithe…

L’implantation la plus simple n’est pas toujours la meilleure. En montagne, elle est souvent celle qui s’affranchit du site. Le bâtiment fréquemment monolithique est posé là comme une vulgaire « barre de banlieue ». Il offre tout de même une vue dégagée sur l’aval et le panorama au détriment d’une vue en « plein flanc » pour les logements orientés vers l’amont.
Cette typologie s’accorde parfaitement sur des plateaux d’alpages où la pente est interrompue pour laisser place à de vastes étendues.
Ces bâtiments, longeant les courbes de niveaux, marquent le paysage lointain et font face (et plus justement « front ») aux pistes comme à la vue lorsqu’on les approche. Généralement de structure béton, ces bâtiments semblent être un appel de la ville à la montagne que l’on peut regretter.
L’habitat est dense et présente des formes conventionnelles du logement collectif.

Flaine, Haute-Savoie

A l’origine de sa conception, le promoteur Eric Boissonas par rejet du régionalisme revendique une architecture de station de sports d’hiver à la fois moderne, contemporaine et urbaine.
Flaine est l’œuvre de l’architecte américain Marcel Breuer. L’architecture sera à la hauteur des attentes du promoteur : une architecture sobre, de béton apparent aux éléments préfabriqués, austère voire froide.
Les formes s’intègrent par leur couleur à la falaise et jouent agréablement avec les ombres et la lumière par temps dégagé.
Les bâtiments sont simplement posés sur le site s’étageant sur 3 niveaux reliés entre eux par des ascenseurs inclinés. L’un d’entre eux va même jusqu’à s’affranchir du site en présentant un important porte-à-faux au-dessus d’une falaise.
Cette nouvelle architecture faite de tout béton eut peu de successeurs et adeptes en station.
Flaine reste une station clairement fonctionnelle dont le dialogue avec le site fut relégué au second plan.


Flaine, Forum, Haute-Savoie

La Caverne

L’implantation parallèle aux courbes de niveaux s’efface sous terre, dans le flanc de la montagne.
Les circulations et les espaces techniques sont rejetés au plus profond du bâtiment, laissant des espaces de vie chaleureux et lumineux capter la lumière et la vue.
Le bâtiment est totalement intégré à la montagne par les toitures engazonnées qui se fondent dans le paysage en été et se recouvrent de neige en hiver. Seuls, quelques éléments (circulations verticales, hall d’accueil…) émergent du sol. Les bandeaux vitrés soulignent discrètement le paysage tout en laissant entrer la nature dans le bâtiment.
Bien que les travaux engendrés par ce type de construction soient importants et nécessitent un important remodelage de terrain, le résultat final semble atteindre un parfait équilibre entre l’Architecture et la Nature.
C’est la montagne habitée.

Centre de vacances et d’études, Nakano Village, Japon

Le site très pentu implique une insertion optimale. Le bâtiment longe les courbes de niveaux. L’insertion, totalement linéaire, se développe sur 3 niveaux reliés entre eux par 3 cages d’escalier. Ce bâtiment présente l’avantage de se déployer largement dans le site tout en restant discret. Seuls quelques lanterneaux, éclairant les salles communes, émergent du sol.


Centre de vacances et d’études, Nakano Village, Japon

2- Implantation Perpendiculaire aux courbes de niveaux :

Les Gradins…

Cette typologie d’implantation présente la particularité d’être à la fois parallèle et perpendiculaire aux courbes de niveaux.

En effet, le bâtiment se déploie en s’étageant en terrasses s’offrant au soleil et à la vue tout en recouvrant le flanc de montagne de façon linéaire le long des courbes de niveaux. Les logements sont mono-orientés vers la vue et le soleil, les circulations sont essentiellement horizontales (couloirs) puis selon l’ampleur du projet complétées par des circulations verticales. Ces espaces de circulations tout comme les espaces techniques sont rejetés dans la profondeur du bâti, libérant les espaces ouverts pour les espaces de vie.
Ce type d’implantation engendre des constructions plutôt longues offrant les avantages de l’immeuble (densité, proximité, compacité…) tout en donnant l’impression d’une construction de quelques étages seulement.
L’intégration au site conjugue discrétion (faible hauteur), adaptation (prise en compte de la pente), et rentabilité (densité).

Le versant Sud, Les Arcs 1600, Savoie.

Le versant Sud regroupe 215 logements de vacances tous orientés Sud-Ouest ainsi qu’un hôtel d’une trentaine de chambres.
La composition en gradins (ou en cascade) permet de s’adapter au site très pentu. Chaque logement bénéficie, grâce à ce dispositif, d’une large terrasse ne portant pas ombre sur celle du logement inférieur.
Le soleil et la vue sont pour tous.


Le versant Sud, Les Arcs 1600.

La Cascade

La Cascade est une typologie d’implantation similaire à celle des « gradins » mais plus marquée par sa perpendicularité à la pente.
La typologie en « cascade » s’affranchit du site tout en composant avec. Souvent utilisée lors d’une exposition Est-Ouest, elle permet aux logements traversants de profiter de la lumière du jour tout au long de la journée.
Chaque logement bénéficie de la vue sans vis-à-vis permettant un dialogue direct avec la nature.
Le bâtiment intègre la pente à sa morphologie. Il s’adapte à un site très pentu tout en faisant la liaison entre le haut et le bas de la station.
Souvent monolithique, le bâtiment de type « cascade » accepte une densité importante.

Résidence La Nova, Les Arcs 1800, Savoie.

Ce programme de plus de 1800lits est implanté en rupture de pente. Son plan circulaire fait bénéficier à chaque logement du soleil sans offrir de vis-à-vis.


Résidence La Nova, Les Arcs 1800, Savoie

3- Implantation « Libre »

La Tour

Son implantation dégage au maximum l’emprise au sol. Elle permet de loger en quantité tout en préservant le site et l’environnement naturel dans lequel elle s’intègre.

Elle marque une verticalité dans le paysage comme un signal ou un phare, un point de repère désignant un lieu de vie et d’établissement humain en opposition à l’environnement sauvage (au sens de naturel) qui l’entoure.
Cette typologie fonctionne bien dans le cadre d’un élément unique implanté dans le paysage, dès que l’élément se répète il perd de sa force et amplifie l’impact de la construction dans le paysage de façon plutôt négative.
L’unicité de la tour souligne un environnement naturel préservé.
Fonctionnement : L’habitat est superposé et dense. Cette typologie permet à chacun de bénéficier d’une vue dégagée et sans vis-à-vis sur tout le panorama. Les circulations verticales (ascenseurs, escaliers…) sont privilégiées et centrales au bâtiment.

L’hôtel Tower, Tomamu, Japon.

Situé au pied des pistes, cet hôtel marque le paysage montagnard japonais de sa hauteur. L’hôtel Tower superpose 3 fois 12 niveaux. Cette implantation dégage de vastes espaces conservés pour leur utilisation de loisirs en été comme hiver.


L’Hotel Tower, Tomamu, Japon, 1980.

Habitat individuel :

La Caverne

Reprenant les principes, tant les avantages que les inconvénients, de l’habitat collectif du même nom précédemment évoqués, la Caverne est en fait une forme d’habitat troglodyte dans le sens noble du terme. Ce type d’habitat permet une inertie thermique inégalable sous d’autres formes. Offrant la vue, la lumière et le dialogue avec la nature, l’habitat enterré ou creusé dans la roche permet une intégration optimale au site, changeant d’apparence au rythme des saisons.
Reproduisant ce type d’habitat, la montagne deviendrait une fourmilière dissimulant de l’habitat tout en préservant sa morphologie originelle.

Exemple type d’habitat vernaculaire intégré dans la montagne :


Plan Pichu, Granier, Savoie

Les Gradins…

La typologie d’habitat individuel en « Gradins » reprend les principes de l’habitat collectif en « Gradins ».
Le logement est alors établit sur plusieurs niveaux voire même plusieurs demi-niveaux. Il peut être totalement mono-orienté, privilégiant vues sur le panorama et soleil sur de larges terrasses et au travers des baies vitrées.
Selon son implantation et son accès, les chambres peuvent être en Rez-de-Chaussée (ou de Jardin) et le Séjour à l’étage, ou inversement.

Aménagement d’un village touristique dans la vallée de Molesson, Suisse, 1965.


Premier Prix : Hans Hostettler
Maisons-terrasses échelonnées le long de la pente.

Le Belvédère…


L’implantation en surplomb permet d’offrir des vues en belvédère. Le logement décollé du sol, limite les travaux de terrassement (lors de site très pentu) et permet de préserver le site et la végétation existante. La nature peut ainsi dialoguer avec le bâtiment.
Cette exposition assure le meilleur ensoleillement. La construction peut être de structure légère (bois et verre par exemple) pour l’étage courant et le socle maçonné.
A l’instar de cabane forestière, L’espace est compact et donc rapidement chauffé.

Le chalet Perchoir, Orcières Merlette, Hautes-Alpes.

Ce modèle de chalet a été conçu pour les terrains de très forte pente. Les espaces y sont optimisés. La vue est dégagée et la nature prédominante.


Chalet Perchoir, Ocières Merlette, Hautes-Alpes, 1962

La Ferme

Le chalet est ancré dans le sol. Il reprend des principes ancestraux de l’habitat montagnard (pénétration de la nature et du soleil, protection contre le froid, ouverture sur le paysage…etc.) tout en l’alliant aux techniques actuelles (matériaux et mise en œuvre).
Reprenant l’orientation, les matériaux, la volumétrie des chalets avoisinants existants, la maison communique avec le lieu et la nature.
La diversité des couleurs, ouvertures, variantes de volumétries permet d’apporter une richesse au lieu tout en lui prêtant l’âme d’un hameau.

Le Lotissement de Planchamp, greffe sur le village ancien de Champagny-en-Vanoise.

Cet ensemble a été réfléchi dans une démarche de conception globale, s’attachant à définir précisément les volumes, orientations, pentes et débords des toitures pour chacun des lots le composant. Ainsi, cette réalisation donne le sentiment d’une continuité avec le village existant.
Les volumes sont simples, ils s’articulent autour des différents niveaux d’implantation et des ruelles piétonnières. L’interpénétration entre les espaces publics et privés donne une richesse à l’ensemble.
Le respect de l’échelle dans l’établissement de ces nouveaux chalets est un facteur de réussite de ce nouveau lotissement garant d’une certaine unité architecturale.


Extension du village de Champagny-en-Vanoise, 1970



L’implantation d’une construction dans un site n’est jamais anodine, elle implique forcément des impacts sur l’environnement, le paysage naturel et/ou bâti, la faune, la flore…

A chacun le devoir de faire preuve de bon sens, d’humilité, de respect et de logique lors de l’établissement d’un projet de construction.





Sources :
Hardy (Jean-Pierre), L’aventure architecturale des stations de sports d’hiver, Flaine, Sincère Béton, http://www.sabaudia.org/.
Lyon-Caen (Jean-François), Montagnes Territoires d'inventions, Ecole d'Architecture de Grenoble, Novembre 2003.
Pradelle (Denys), Urbanisme et architecture contemporaine en pays de neige, Atelir d'Architecture en Montagne,Libris, 2002.

Construire en montagne, Architecture d’aujourd’hui, n°126, Juin/Juilt 1966.


14/05/2007

Bâtisseurs de Rêves – Reportage France 3

Reportage diffusé le Samedi 3 Mars 2007 à 16h20 sur France 3 Rhône-Alpes Auvergne et le Samedi 3 Mars 2007 à 00h30 sur France 3

Réalisation : Catherine Dupuis - Coproduction : France 3 / One line production

L’architecture des stations de sports d’hiver a connu différentes époques, différents styles, que ce reportage illustre par les stations de : Chamonix, Megève, Courchevel, Les Arcs et Avoriaz, stations représentatives d’un point de vue typologique et historique.

Chamonix (alt.1000m) :
Chamonix est aujourd’hui un véritable de ville de montagne. Son succès de fréquentation a pour origine la première ascension du Mont Blanc le 8 Août 1786 (par Jacques Balmat et le docteur Michelle Paccard, sur l'instigation d'Horace-Bénédict de Saussure). Les premiers rails de train sont posés et drainent alors une masse de touristes contemplatifs ou sportifs. De grands hôtels sortent de terre dans le but d’accueillir du tourisme de luxe. Une population internationale et cosmopolite viendra profiter des nouveaux plaisirs de la pratique des loisirs de montagne.


Hôtel Le Majestic, Chamonix, carte postale.

Les Jeux Olympiques d’hiver entraîneront un développement massif de Chamonix qui deviendra alors la capitale mondiale du tourisme de montagne. L’architecture du début de 20ème siècle est monumentale : toits mansardés, larges ouvertures…
Après la guerre, la clientèle de luxe se raréfiant une grande majorité des chambres d’hôtel fut transformée en appartements.
Aujourd’hui, 50% de la population qui fréquente Chamonix est étrangère les autres 50% sont français.

Megève (alt.1300m):
Sous l’initiative de la Baronne Noémie de Rothschild, cherchant un site nouveau pour l’implantation d’une station de sports d’hiver, un hôtel fut construit au mont d’Arbois. Une route ainsi que l’électricité sont amené afin d’apporter tous les besoins de la baronne sur le site.
Un architecte, Herni-Jacques Le Même, qui travaillait dans la vallée, fut recruté pour ses services par la Baronne. Celle-ci lui propose la construction de son chalet personnel en 1926. Elle désire s’inspirer de la forme des fermes du pays tout en alliant le confort moderne et les besoins d’une skieuse. H-J Le Même crée un nouveau style, reprenant la volumétrie des fermes environnantes tout en apportant la vue et le soleil pour une réponse optimale aux besoins de la Baronne et du nouveau marché touristique.

Trois chalets sur le chemin de la Croix du Bouchet à Rochebrune, 1938-1940

Les chalets conçus par Henri-Jacques Le Même résultent d’une alliance des savoirs de l’architecte aux besoins du client.

Courchevel (alt.1850):
Laurent Chappis, urbaniste, fut chargé d’une mission d'étude pour construire une station nouvelle sur la commune de Saint-Bon. Il fallait alors tout inventer. Skis aux pieds, Laurent Chappis repèrera les potentiels skiables du site, les meilleures implantation pour les logements… A partir, des son expérience du terrain il imaginera le fonctionnement de la nouvelle station de ski. L’atelier d’Architecture de Courchevel dirigé par Denys Pradelle, architecte, est créé dans le but d’élaborer des principes de conception de construction en montagne qui puissent être appliqués à la station de Courchevel. Ils inventent une nouvelle doctrine de construction en montagne : les volumes sont compacts pour être chauffer plus rapidement, la neige est conservée sur les toits de faible pente afin de bénéficier d’une inertie thermique, de larges ouvertures laissent entrer le soleil et s’ouvrent sur le panorama… Ainsi naîtront les Chalets Lang et Joliot-Curie.


Le chalet Joliot-Curie, 1949 - Le chalet Lang, 1950

Courchevel 1850 devient alors la première station française en site vierge.

Les Arcs (alt.1600 – 1800- 2000):
Avec les Arcs, une nouvelle typologie de stations de ski voit le jour : les stations intégrées.
Roger Godino est aménageur, constructeur et exploitant des remontées mécanique. Il rassemble alors une équipe pour concevoir cette nouvelle station : R.Blanc (guide de Haute Montagne), G.Rey-Millet (architecte), G.Regairaz (architecte), C. Perriand (Architecte d’Intérieur). Cette association forme une équipe compétente qui conçoit une station contemporaine intégrant dans son architecture les caractéristiques particulières offertes par le site. Des dispositifs architecturaux ingénieux permettront à la fois de faire entrer le soleil dans les bâtiments tout apportant la vue sur les sommets environnants tout en ayant pour seul vis-à-vis la nature.


Résidence La Cachette, Les Arcs 1600 - Résidence La Cascade, Les Arcs 1600

Avoriaz (alt.1650m):
La conception de cette station tout ski, c’est-à-dire sans voitures, est à l’origine de l’équipe rassemblant : le célèbre skieur Jean Vuarnet, un promotteur Gérard Brémont, et un architecte Jaques Labro.
Unissant la pierre et le bois cette station pourrait faire penser à une station écologique. Le vocabulaire « vivant » de la station d’Avoriaz apporte un regard nouveau sur l’architecture de montagne. Ce projet d’architecture moderne tient son style avant-gardiste de l’utilisation particulière de ses matériaux. Recouvert de tuiles en Red Cedar provenant du Canada, les bâtiments prennent vie au fil des saisons et des années. Différant de couleurs selon leur orientation, leur rugosité permettant de retenir la neige la neige en hiver, les bâtiments se fondent dans le paysage au fil des saisons.

Hotel Les Dromonts, Labro et Orzonni, 1967.


Aujourd’hui, deux attitudes architecturales presque opposées sont en cours dans nos montagnes. Les uns restaurent de vieilles bâtisses (fermes du Val d’Arly) ou reconstruisent à l’identique des bâtiments démontés dans des montagnes voisines voulant conserver l’esprit régional tout en adaptant la construction aux nouvelles envies du moments (grandes baies vitrées, larges balcons…).
Les autres s’attachent à monter un décor « austro-savoyard » ne laissant la montagne que dans un rôle de « figuration », de « toile de fond » ou le décor aussi faux soit-il fait rêver et non plus la montagne.
Dans un contexte, où les innovations architecturales en montagne se sont tant enchaînées ces 60 dernières années, la question de la place de l’innovation architecturale reste en suspens lorsque l’on voit que la copie, la construction à l’identique et le décor priment sur les réelles problématiques du cadre montagnard.


Sources :
Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_Blanc#La_premi.C3.A8re_ascension

Pour aller un peu plus loin :
Henri-Jaques Le Même :
Institut d’Architecture Française, Megève 1925-1950 architecture de LE MEME, Editions Norma, 1999.

Courchevel :
http://www.culture.gouv.fr/rhone-alpes/courchevel/naissance.htm
Chappis (Laurent), Legrand (Jean-Marc),Pradelle (Denys), Contribution à une architecture de montagne, Etudes et informations,Cahier mensuel du MRL, N°3 Mars 1955.

Laurent Chappis :
Revil (Philippe), L’anarchitecte, Laurent Chappis le rebelle de l’or blanc, Ed. Chamonix Guérin

Avoriaz :
Dufresne (Gérard), Avoriaz ou la transformation d’un paysage, Ed.Solin, 1993
Bourreau (Chantal), Avoriaz l’aventure fantastique, Ed.La Fontaine De Siloe, 2004
Atelier d’architecture d’Avoriaz, Architecture française, n°313, 1968.
Avoriaz : une station de ski en bois, Journal du bois, n°86, Janv/Fev 2005.
Architecture d’Aujourd’hui, n°126, 1966.
Architecture Française, n°285, 1966.
Architectes, n°186, 1988.