20/03/2007

Vivons heureux vivons cachés...

Depuis la Chine jusqu'en Tunisie, en passant par le Mali, L'Italie et la France aussi, Les hommes ont su adapter leur habitat au site. Ceux-ci n'ont pas édifié leur maison, ils l'ont creusée.

Du latin troglodyta et du grec trôglê, trou et dunein, pénétrer, le troglodyte habite un type d’architecture qui remonte à la Préhistoire pouvant être considérée comme la première forme d’habitat humain. L’Homme de la Préhistoire occupait de profondes grottes naturelles ou creusait son habitat dans une roche calcaire. L’ « Homme des Cavernes » trouvait abri et protection au cœur de la roche. Il y vit, s’y cache, s’y reproduit.

L’habitat troglodytique est une architecture habile conjuguant l’Homme à son environnement. Les volumes intérieurs peuvent être grands sans que le site n’en soit davantage touché excepté par quelques percements.

Les formes la maison troglodytique ne sont plus tirées à la règle, mais plus douces, plus aléatoires, plus naturelles. Elles s’adaptent à la roche, s’adossent au terrain, se blottissent dans une falaise. L’Homme vit au cœur de la Nature, en harmonie avec elle.

Cette architecture présente des qualités face à l’environnement car elle le préserve tout en se fusionnant à lui. Des qualités environnementales qui font aujourd’hui parties des préoccupations de personnes de plus en plus nombreuses soucieuses à la fois de leur cadre de vie et de leur environnement. La démarche HQE (Haute Qualité Environnementale) encourage entre autres « la relation harmonieuse du bâtiment avec son environnement afin d’utiliser de manière optimale le sol les vues et l’ensoleillement ».

L’habitat troglodytique conçu de manière intelligente possède les potentiels en réponse à des principes bioclimatiques tout au long de l’année

  • En Eté

L’ensoleillement peut être maîtrisé par le positionnement de protections solaires (auvents, brise-soleil, écran végétal…) afin de conserver la fraîcheur du sol ou de la roche dans le ou laquelle il s’est greffé.

  • En Hiver

L’énergie solaire qui traverse un vitrage isolant peut être stocké dans des matériaux accumulateurs puis convertie en chaleur qui sera diffusée par convection et rayonnement assurant une température intérieure optimale.
En hiver comme en été, la température reste confortable et permanent.

En montagne, la rigueur du climat contraint l’habitat à une certaine inertie thermique. L’habitat enterré répond à cette nécessité tout offrant une intégration optimale aux paysages montagneux. Le faible impact visuel permet à cet habitat de se fondre dans le paysage sans le dénaturer. La neige en hiver, les pâtures en été, il devient alors difficile de discerner la frontière entre le bâti et le paysage.
Blottie dans le flanc d’un versant, la maison troglodytique peut être construite en site avalancheux sans risquer d’être soufflée par le glissement de la neige.

Le Refuge de Peisey-Nancroix dans le Parc National de la Vanoise est situé sur le chemin d’une coulée périodique de neige. Sa toiture végétalisée aux courbures douces permet de servir de « tremplin » à la neige sans faire obstacle lors des coulées neigeuses.
Cette fusion parfaite du bâti dans son environnement offre à la montagne de véritables perspectives architecturales par ses formes et son intégration.


De nombreuses réflexions ont été menées, notamment celles de Laurent CHAPPIS - Lire L'anarchitecte aux éditions Chamonix Guérin - à ce sujet sans jamais vraiment voir leur concrétisation se réaliser :

Projet de restructuration du Clos de la Mais, San Sicario, Italie

Maquette Chalet auberge d’alpage, pour le site de Bielmonte, Italie

Hôtel intégré dans les pistes, Etude pour la Foux d’Allos, France

Mais cette forme d'habitat reste une exception dans les hauteurs de nos pâturages alpins.


Un exemple construit en Angleterre : http://www.simondale.net/house/index.htm

En opposition aux « boîtes à habiter produites en masse» Simon Dale a choisi de construire sa maison enterrée. Le souhait de vivre proche de la nature se retrouve dans l’utilisation de matériaux tirés du site ou de forêts voisines (Pierre, bois, boue, paille…).
La maison de Simon Dale évoque un dialogue doux et langoureux entre l’Homme et son environnement. Les formes sont douces, harmonieuses et organiques. Totalement intégrée, la maison offre aux occupants un intérieur confortable assurant une stabilité thermique en toute saison.
Reprenant les principes d’une architecture bioclimatique la maison est équipée pour répondre aux besoins de ses usagers tout en étant au maximum autonome : présence de panneaux photovoltaïques pour fournir la maison en électricité, récupérateur d’eau pour satisfaire l’arrosage du jardin, usage de toilettes sèches, chauffage au bois….
La maison est la fois repliée sur elle-même comme un véritable cocon mais aussi ouverte offrant des vues et percées dialoguant avec son environnement.



Un tel dialogue avec la Nature semblerait profitable à une Architecture qui, aujourd’hui, s’essouffle un peu dans nos montagnes. Un nouveau regard porté sur une architecture différente serait un pas de plus vers un renouvellement des formes architecturales en montagne.





Sources :
Bertholan (Patrick), Huet (Olivier), Habitat creusé, le patrimoine troglodyte et sa restauration, Ed. Eyrolles, 2005.
Chappis (Laurent), Ma montagne du rêve à la réalité, 50ans d'études d'urbanisme en montagne, F.A.C.I.M.
Gauzin-Muller (Dominique), L'architecture écologique, édition Le Moniteur, 2001.
Lyon-Caen (Jean-François), Montagnes Territoires d'inventions, Ecole d'Architecture de Grenoble, Novembre 2003.
Pradelle (Denys), Urbanisme et architecture contemporaine en pays de neige, Atelir d'Architecture en Montagne,Libris, 2002.
Revil (Philippe), L'Anarchitecte, Laurent Chappis le rebelle de l'or Blanc, Ed. Chamonix Guérin.
WInes (James), L'Ar chitecture Verte, 2ditions TASCHEN, 2000.
http://www.simondale.net/house/index.htm

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