28/05/2007

Intégrer la pente

Construire en montagne implique incontestablement la prise en compte de la pente du site. Cette pente est à la fois contrainte et génératrice de solutions d’adaptation diverses selon les caractéristiques précises du site.
L’architecte se doit d’appréhender aux mieux cette contrainte en proposant des réponses adaptées selon l’orientation, l’ensoleillement, le programme, la nature du sol, le paysage où s’intègrera la construction projetée.
Plusieurs implantations sont possibles, en voici quelques-unes, illustrées d'exemples significatifs.

Habitat et Equipements Collectifs :

1- Implantation parallèle aux courbes de niveaux :

Le Monolithe…

L’implantation la plus simple n’est pas toujours la meilleure. En montagne, elle est souvent celle qui s’affranchit du site. Le bâtiment fréquemment monolithique est posé là comme une vulgaire « barre de banlieue ». Il offre tout de même une vue dégagée sur l’aval et le panorama au détriment d’une vue en « plein flanc » pour les logements orientés vers l’amont.
Cette typologie s’accorde parfaitement sur des plateaux d’alpages où la pente est interrompue pour laisser place à de vastes étendues.
Ces bâtiments, longeant les courbes de niveaux, marquent le paysage lointain et font face (et plus justement « front ») aux pistes comme à la vue lorsqu’on les approche. Généralement de structure béton, ces bâtiments semblent être un appel de la ville à la montagne que l’on peut regretter.
L’habitat est dense et présente des formes conventionnelles du logement collectif.

Flaine, Haute-Savoie

A l’origine de sa conception, le promoteur Eric Boissonas par rejet du régionalisme revendique une architecture de station de sports d’hiver à la fois moderne, contemporaine et urbaine.
Flaine est l’œuvre de l’architecte américain Marcel Breuer. L’architecture sera à la hauteur des attentes du promoteur : une architecture sobre, de béton apparent aux éléments préfabriqués, austère voire froide.
Les formes s’intègrent par leur couleur à la falaise et jouent agréablement avec les ombres et la lumière par temps dégagé.
Les bâtiments sont simplement posés sur le site s’étageant sur 3 niveaux reliés entre eux par des ascenseurs inclinés. L’un d’entre eux va même jusqu’à s’affranchir du site en présentant un important porte-à-faux au-dessus d’une falaise.
Cette nouvelle architecture faite de tout béton eut peu de successeurs et adeptes en station.
Flaine reste une station clairement fonctionnelle dont le dialogue avec le site fut relégué au second plan.


Flaine, Forum, Haute-Savoie

La Caverne

L’implantation parallèle aux courbes de niveaux s’efface sous terre, dans le flanc de la montagne.
Les circulations et les espaces techniques sont rejetés au plus profond du bâtiment, laissant des espaces de vie chaleureux et lumineux capter la lumière et la vue.
Le bâtiment est totalement intégré à la montagne par les toitures engazonnées qui se fondent dans le paysage en été et se recouvrent de neige en hiver. Seuls, quelques éléments (circulations verticales, hall d’accueil…) émergent du sol. Les bandeaux vitrés soulignent discrètement le paysage tout en laissant entrer la nature dans le bâtiment.
Bien que les travaux engendrés par ce type de construction soient importants et nécessitent un important remodelage de terrain, le résultat final semble atteindre un parfait équilibre entre l’Architecture et la Nature.
C’est la montagne habitée.

Centre de vacances et d’études, Nakano Village, Japon

Le site très pentu implique une insertion optimale. Le bâtiment longe les courbes de niveaux. L’insertion, totalement linéaire, se développe sur 3 niveaux reliés entre eux par 3 cages d’escalier. Ce bâtiment présente l’avantage de se déployer largement dans le site tout en restant discret. Seuls quelques lanterneaux, éclairant les salles communes, émergent du sol.


Centre de vacances et d’études, Nakano Village, Japon

2- Implantation Perpendiculaire aux courbes de niveaux :

Les Gradins…

Cette typologie d’implantation présente la particularité d’être à la fois parallèle et perpendiculaire aux courbes de niveaux.

En effet, le bâtiment se déploie en s’étageant en terrasses s’offrant au soleil et à la vue tout en recouvrant le flanc de montagne de façon linéaire le long des courbes de niveaux. Les logements sont mono-orientés vers la vue et le soleil, les circulations sont essentiellement horizontales (couloirs) puis selon l’ampleur du projet complétées par des circulations verticales. Ces espaces de circulations tout comme les espaces techniques sont rejetés dans la profondeur du bâti, libérant les espaces ouverts pour les espaces de vie.
Ce type d’implantation engendre des constructions plutôt longues offrant les avantages de l’immeuble (densité, proximité, compacité…) tout en donnant l’impression d’une construction de quelques étages seulement.
L’intégration au site conjugue discrétion (faible hauteur), adaptation (prise en compte de la pente), et rentabilité (densité).

Le versant Sud, Les Arcs 1600, Savoie.

Le versant Sud regroupe 215 logements de vacances tous orientés Sud-Ouest ainsi qu’un hôtel d’une trentaine de chambres.
La composition en gradins (ou en cascade) permet de s’adapter au site très pentu. Chaque logement bénéficie, grâce à ce dispositif, d’une large terrasse ne portant pas ombre sur celle du logement inférieur.
Le soleil et la vue sont pour tous.


Le versant Sud, Les Arcs 1600.

La Cascade

La Cascade est une typologie d’implantation similaire à celle des « gradins » mais plus marquée par sa perpendicularité à la pente.
La typologie en « cascade » s’affranchit du site tout en composant avec. Souvent utilisée lors d’une exposition Est-Ouest, elle permet aux logements traversants de profiter de la lumière du jour tout au long de la journée.
Chaque logement bénéficie de la vue sans vis-à-vis permettant un dialogue direct avec la nature.
Le bâtiment intègre la pente à sa morphologie. Il s’adapte à un site très pentu tout en faisant la liaison entre le haut et le bas de la station.
Souvent monolithique, le bâtiment de type « cascade » accepte une densité importante.

Résidence La Nova, Les Arcs 1800, Savoie.

Ce programme de plus de 1800lits est implanté en rupture de pente. Son plan circulaire fait bénéficier à chaque logement du soleil sans offrir de vis-à-vis.


Résidence La Nova, Les Arcs 1800, Savoie

3- Implantation « Libre »

La Tour

Son implantation dégage au maximum l’emprise au sol. Elle permet de loger en quantité tout en préservant le site et l’environnement naturel dans lequel elle s’intègre.

Elle marque une verticalité dans le paysage comme un signal ou un phare, un point de repère désignant un lieu de vie et d’établissement humain en opposition à l’environnement sauvage (au sens de naturel) qui l’entoure.
Cette typologie fonctionne bien dans le cadre d’un élément unique implanté dans le paysage, dès que l’élément se répète il perd de sa force et amplifie l’impact de la construction dans le paysage de façon plutôt négative.
L’unicité de la tour souligne un environnement naturel préservé.
Fonctionnement : L’habitat est superposé et dense. Cette typologie permet à chacun de bénéficier d’une vue dégagée et sans vis-à-vis sur tout le panorama. Les circulations verticales (ascenseurs, escaliers…) sont privilégiées et centrales au bâtiment.

L’hôtel Tower, Tomamu, Japon.

Situé au pied des pistes, cet hôtel marque le paysage montagnard japonais de sa hauteur. L’hôtel Tower superpose 3 fois 12 niveaux. Cette implantation dégage de vastes espaces conservés pour leur utilisation de loisirs en été comme hiver.


L’Hotel Tower, Tomamu, Japon, 1980.

Habitat individuel :

La Caverne

Reprenant les principes, tant les avantages que les inconvénients, de l’habitat collectif du même nom précédemment évoqués, la Caverne est en fait une forme d’habitat troglodyte dans le sens noble du terme. Ce type d’habitat permet une inertie thermique inégalable sous d’autres formes. Offrant la vue, la lumière et le dialogue avec la nature, l’habitat enterré ou creusé dans la roche permet une intégration optimale au site, changeant d’apparence au rythme des saisons.
Reproduisant ce type d’habitat, la montagne deviendrait une fourmilière dissimulant de l’habitat tout en préservant sa morphologie originelle.

Exemple type d’habitat vernaculaire intégré dans la montagne :


Plan Pichu, Granier, Savoie

Les Gradins…

La typologie d’habitat individuel en « Gradins » reprend les principes de l’habitat collectif en « Gradins ».
Le logement est alors établit sur plusieurs niveaux voire même plusieurs demi-niveaux. Il peut être totalement mono-orienté, privilégiant vues sur le panorama et soleil sur de larges terrasses et au travers des baies vitrées.
Selon son implantation et son accès, les chambres peuvent être en Rez-de-Chaussée (ou de Jardin) et le Séjour à l’étage, ou inversement.

Aménagement d’un village touristique dans la vallée de Molesson, Suisse, 1965.


Premier Prix : Hans Hostettler
Maisons-terrasses échelonnées le long de la pente.

Le Belvédère…


L’implantation en surplomb permet d’offrir des vues en belvédère. Le logement décollé du sol, limite les travaux de terrassement (lors de site très pentu) et permet de préserver le site et la végétation existante. La nature peut ainsi dialoguer avec le bâtiment.
Cette exposition assure le meilleur ensoleillement. La construction peut être de structure légère (bois et verre par exemple) pour l’étage courant et le socle maçonné.
A l’instar de cabane forestière, L’espace est compact et donc rapidement chauffé.

Le chalet Perchoir, Orcières Merlette, Hautes-Alpes.

Ce modèle de chalet a été conçu pour les terrains de très forte pente. Les espaces y sont optimisés. La vue est dégagée et la nature prédominante.


Chalet Perchoir, Ocières Merlette, Hautes-Alpes, 1962

La Ferme

Le chalet est ancré dans le sol. Il reprend des principes ancestraux de l’habitat montagnard (pénétration de la nature et du soleil, protection contre le froid, ouverture sur le paysage…etc.) tout en l’alliant aux techniques actuelles (matériaux et mise en œuvre).
Reprenant l’orientation, les matériaux, la volumétrie des chalets avoisinants existants, la maison communique avec le lieu et la nature.
La diversité des couleurs, ouvertures, variantes de volumétries permet d’apporter une richesse au lieu tout en lui prêtant l’âme d’un hameau.

Le Lotissement de Planchamp, greffe sur le village ancien de Champagny-en-Vanoise.

Cet ensemble a été réfléchi dans une démarche de conception globale, s’attachant à définir précisément les volumes, orientations, pentes et débords des toitures pour chacun des lots le composant. Ainsi, cette réalisation donne le sentiment d’une continuité avec le village existant.
Les volumes sont simples, ils s’articulent autour des différents niveaux d’implantation et des ruelles piétonnières. L’interpénétration entre les espaces publics et privés donne une richesse à l’ensemble.
Le respect de l’échelle dans l’établissement de ces nouveaux chalets est un facteur de réussite de ce nouveau lotissement garant d’une certaine unité architecturale.


Extension du village de Champagny-en-Vanoise, 1970



L’implantation d’une construction dans un site n’est jamais anodine, elle implique forcément des impacts sur l’environnement, le paysage naturel et/ou bâti, la faune, la flore…

A chacun le devoir de faire preuve de bon sens, d’humilité, de respect et de logique lors de l’établissement d’un projet de construction.





Sources :
Hardy (Jean-Pierre), L’aventure architecturale des stations de sports d’hiver, Flaine, Sincère Béton, http://www.sabaudia.org/.
Lyon-Caen (Jean-François), Montagnes Territoires d'inventions, Ecole d'Architecture de Grenoble, Novembre 2003.
Pradelle (Denys), Urbanisme et architecture contemporaine en pays de neige, Atelir d'Architecture en Montagne,Libris, 2002.

Construire en montagne, Architecture d’aujourd’hui, n°126, Juin/Juilt 1966.


14/05/2007

Bâtisseurs de Rêves – Reportage France 3

Reportage diffusé le Samedi 3 Mars 2007 à 16h20 sur France 3 Rhône-Alpes Auvergne et le Samedi 3 Mars 2007 à 00h30 sur France 3

Réalisation : Catherine Dupuis - Coproduction : France 3 / One line production

L’architecture des stations de sports d’hiver a connu différentes époques, différents styles, que ce reportage illustre par les stations de : Chamonix, Megève, Courchevel, Les Arcs et Avoriaz, stations représentatives d’un point de vue typologique et historique.

Chamonix (alt.1000m) :
Chamonix est aujourd’hui un véritable de ville de montagne. Son succès de fréquentation a pour origine la première ascension du Mont Blanc le 8 Août 1786 (par Jacques Balmat et le docteur Michelle Paccard, sur l'instigation d'Horace-Bénédict de Saussure). Les premiers rails de train sont posés et drainent alors une masse de touristes contemplatifs ou sportifs. De grands hôtels sortent de terre dans le but d’accueillir du tourisme de luxe. Une population internationale et cosmopolite viendra profiter des nouveaux plaisirs de la pratique des loisirs de montagne.


Hôtel Le Majestic, Chamonix, carte postale.

Les Jeux Olympiques d’hiver entraîneront un développement massif de Chamonix qui deviendra alors la capitale mondiale du tourisme de montagne. L’architecture du début de 20ème siècle est monumentale : toits mansardés, larges ouvertures…
Après la guerre, la clientèle de luxe se raréfiant une grande majorité des chambres d’hôtel fut transformée en appartements.
Aujourd’hui, 50% de la population qui fréquente Chamonix est étrangère les autres 50% sont français.

Megève (alt.1300m):
Sous l’initiative de la Baronne Noémie de Rothschild, cherchant un site nouveau pour l’implantation d’une station de sports d’hiver, un hôtel fut construit au mont d’Arbois. Une route ainsi que l’électricité sont amené afin d’apporter tous les besoins de la baronne sur le site.
Un architecte, Herni-Jacques Le Même, qui travaillait dans la vallée, fut recruté pour ses services par la Baronne. Celle-ci lui propose la construction de son chalet personnel en 1926. Elle désire s’inspirer de la forme des fermes du pays tout en alliant le confort moderne et les besoins d’une skieuse. H-J Le Même crée un nouveau style, reprenant la volumétrie des fermes environnantes tout en apportant la vue et le soleil pour une réponse optimale aux besoins de la Baronne et du nouveau marché touristique.

Trois chalets sur le chemin de la Croix du Bouchet à Rochebrune, 1938-1940

Les chalets conçus par Henri-Jacques Le Même résultent d’une alliance des savoirs de l’architecte aux besoins du client.

Courchevel (alt.1850):
Laurent Chappis, urbaniste, fut chargé d’une mission d'étude pour construire une station nouvelle sur la commune de Saint-Bon. Il fallait alors tout inventer. Skis aux pieds, Laurent Chappis repèrera les potentiels skiables du site, les meilleures implantation pour les logements… A partir, des son expérience du terrain il imaginera le fonctionnement de la nouvelle station de ski. L’atelier d’Architecture de Courchevel dirigé par Denys Pradelle, architecte, est créé dans le but d’élaborer des principes de conception de construction en montagne qui puissent être appliqués à la station de Courchevel. Ils inventent une nouvelle doctrine de construction en montagne : les volumes sont compacts pour être chauffer plus rapidement, la neige est conservée sur les toits de faible pente afin de bénéficier d’une inertie thermique, de larges ouvertures laissent entrer le soleil et s’ouvrent sur le panorama… Ainsi naîtront les Chalets Lang et Joliot-Curie.


Le chalet Joliot-Curie, 1949 - Le chalet Lang, 1950

Courchevel 1850 devient alors la première station française en site vierge.

Les Arcs (alt.1600 – 1800- 2000):
Avec les Arcs, une nouvelle typologie de stations de ski voit le jour : les stations intégrées.
Roger Godino est aménageur, constructeur et exploitant des remontées mécanique. Il rassemble alors une équipe pour concevoir cette nouvelle station : R.Blanc (guide de Haute Montagne), G.Rey-Millet (architecte), G.Regairaz (architecte), C. Perriand (Architecte d’Intérieur). Cette association forme une équipe compétente qui conçoit une station contemporaine intégrant dans son architecture les caractéristiques particulières offertes par le site. Des dispositifs architecturaux ingénieux permettront à la fois de faire entrer le soleil dans les bâtiments tout apportant la vue sur les sommets environnants tout en ayant pour seul vis-à-vis la nature.


Résidence La Cachette, Les Arcs 1600 - Résidence La Cascade, Les Arcs 1600

Avoriaz (alt.1650m):
La conception de cette station tout ski, c’est-à-dire sans voitures, est à l’origine de l’équipe rassemblant : le célèbre skieur Jean Vuarnet, un promotteur Gérard Brémont, et un architecte Jaques Labro.
Unissant la pierre et le bois cette station pourrait faire penser à une station écologique. Le vocabulaire « vivant » de la station d’Avoriaz apporte un regard nouveau sur l’architecture de montagne. Ce projet d’architecture moderne tient son style avant-gardiste de l’utilisation particulière de ses matériaux. Recouvert de tuiles en Red Cedar provenant du Canada, les bâtiments prennent vie au fil des saisons et des années. Différant de couleurs selon leur orientation, leur rugosité permettant de retenir la neige la neige en hiver, les bâtiments se fondent dans le paysage au fil des saisons.

Hotel Les Dromonts, Labro et Orzonni, 1967.


Aujourd’hui, deux attitudes architecturales presque opposées sont en cours dans nos montagnes. Les uns restaurent de vieilles bâtisses (fermes du Val d’Arly) ou reconstruisent à l’identique des bâtiments démontés dans des montagnes voisines voulant conserver l’esprit régional tout en adaptant la construction aux nouvelles envies du moments (grandes baies vitrées, larges balcons…).
Les autres s’attachent à monter un décor « austro-savoyard » ne laissant la montagne que dans un rôle de « figuration », de « toile de fond » ou le décor aussi faux soit-il fait rêver et non plus la montagne.
Dans un contexte, où les innovations architecturales en montagne se sont tant enchaînées ces 60 dernières années, la question de la place de l’innovation architecturale reste en suspens lorsque l’on voit que la copie, la construction à l’identique et le décor priment sur les réelles problématiques du cadre montagnard.


Sources :
Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_Blanc#La_premi.C3.A8re_ascension

Pour aller un peu plus loin :
Henri-Jaques Le Même :
Institut d’Architecture Française, Megève 1925-1950 architecture de LE MEME, Editions Norma, 1999.

Courchevel :
http://www.culture.gouv.fr/rhone-alpes/courchevel/naissance.htm
Chappis (Laurent), Legrand (Jean-Marc),Pradelle (Denys), Contribution à une architecture de montagne, Etudes et informations,Cahier mensuel du MRL, N°3 Mars 1955.

Laurent Chappis :
Revil (Philippe), L’anarchitecte, Laurent Chappis le rebelle de l’or blanc, Ed. Chamonix Guérin

Avoriaz :
Dufresne (Gérard), Avoriaz ou la transformation d’un paysage, Ed.Solin, 1993
Bourreau (Chantal), Avoriaz l’aventure fantastique, Ed.La Fontaine De Siloe, 2004
Atelier d’architecture d’Avoriaz, Architecture française, n°313, 1968.
Avoriaz : une station de ski en bois, Journal du bois, n°86, Janv/Fev 2005.
Architecture d’Aujourd’hui, n°126, 1966.
Architecture Française, n°285, 1966.
Architectes, n°186, 1988.



12/05/2007

Notes et Références Bibliographiques sur la ville d'altitude

1 Pierre Merlin, Françoise Choay, dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, Presses universitaires de France, Mai 2000

2 Chambers dans Cyclopaedia en 1728

3 Olivier Mongin, Vers la troisième ville, Hachette, 1995

4 Yves Henri Bonello dans La Ville, Que-sais-je, Presses Universitaires de France, 1998

5 J.P. Lacaze, La ville et l’urbanisme, Dominos, Flammarion, 1995

6 Bernard Préel, La ville à venir, Descartes et Cie, 1994

7 P.H. Derycke, J.M. Huriot, D. Pumain dans Penser la ville, coll. Villes, éd. anthropos, 1996

8 Gian Paolo Torricelli, les villes des Alpes suisses : éléments pour une typologie du changementdans les années 1990, Revue de Géographie Alpine, n°2, 1999

9 Patrice De Marcan dans Villes utopiques, villes fondées, les éditions du Mécène, 2003, 354pp.

10 Manfred Perlik, les Alpes, villes petites et moyennes de l’Europe, Revue de Géographie Alpine, n°2, 1999

11 Manfred Perlik, La ville à la montagne, la cité dans la montagne, revue l’Alpe, n°24, 2004

12 Luigi Gaido, Questions de définitions, la cité dans la montagne, revue l’Alpe, n°24, 2004

13 Jon Matthieu, La ville alpine au fil des siècles, la cité dans la montagne, revue l’Alpe, n°24, 2004

14 Marie Christine Fourny, Ces villes qui se disent alpines, la cité dans la montagne, revue l’Alpe, n°24, 2004

15 Peattie, Mountain Geography, critique and Field Study, Harvard University Press, Cambridge, MA,

257p, 1936

16 Michel Archambault, p.229, Perspectives pour un nouveau siècle de sports d’hiver, Actes de la conférence internationale sur la montagne / Environnement et sociétés (CIMES), Editions Comp’act, 2002

17 ?

18 Gilles Rudaz, réflexions sur l’identité d’une station de sports d’hiver en montagne : Crans-Montana, Revue de Géographie Alpine, n°4, 2002

19 Jean-Paul Brusson, A propos de l’architecture touristique : le néo-régionalisme se moque-t-il du lieu ? , pp.85-95, Revue de Géographie Alpine, Architecture et stations de sports d’hiver, n°3, Tome

84, 1996

20 Bernard Gauthiez, espace urbain, vocabulaire et morphologie, éditions du patrimoine, 2003

21 Jacques Perret, Le développement touristique local – les stations de sports d’hiver, Université Pierre Mendès France, 1992

22 Jean-François Lyon-Caen, Montagnes, territoires d’inventions, école d’architecture de Grenoble, Novembre 2003

23 Nora Semmoud, l’habiter périurbain : choix ou modèle dominant ? , pp. 55-62, Revue de Géographie Alpine, de la connaissance du passé à la gestion du présent, n°3, Tome 86, 1998

24 A. de Rossi et G. Ferrero, Turin et ses Alpes, l’amour vache, revue l’Alpe, n°24, 2004

25 Bernard Debardieux, Chamonix-Mont Blanc : les coulisses de l’aménagement, Presses Universitaires de Grenoble, 1990

26 Yves Henri Bonello dans La Ville, Que-sais-je, Presses Universitaires de France, 1998

27 Mickael Jacob, Fleur de macadam, la cité dans la montagne, revue l’Alpe, n°24, 2004

28 Bernard Debardieux, Tourisme et montagne, Economica, 1995

29 Gilles Rudaz, réflexions sur l’identité d’une station de sports d’hiver en montagne : Crans-Montana, Revue de Géographie Alpine, n°4, 2002

30 Alain Chardon cité par Gildas Leprêtre dans L’épopée de Courchevel, 1946-1996, la fontaine de Savoie vivante, iloé, 1996, 251pp.

31 Noël Pachot cité par Gildas Leprêtre dans L’épopée de Courchevel, 1946-1996, la fontaine de Savoie vivante, iloé, 1996, 251pp.

32 Michel Ziegler cité par Gildas Leprêtre dans L’épopée de Courchevel, 1946-1996, la fontaine de Savoie vivante, iloé, 1996, 251pp.

33 Matthias Kurt, Les sports d’hiver, un petit créneau, www.proclim.ch/Press/PDF/ClimatePress15F. pdf

34 Gilbert Blanc-Tailleur, Construisons ensemble l’avenir de nos stations de montagne, pp. 15-17, Perspectives pour un nouveau siècle de sports d’hiver, Actes de la conférence internationale sur la montagne / Environnement et sociétés (CIMES), Editions Comp’act, 2002

35 Hervé Gaymard, Les utopies supportent mal les rides, pp. 7-13, Perspectives pour un nouveau siècle de sports d’hiver, Actes de la conférence internationale sur la montagne / Environnement et sociétés (CIMES), Editions Comp’act, 2002

36 Philippe Bonhème, Les fantômes de La Plagne, Alpes Magazine, n°91, pp.44-47, Janvier/Février

2005

37 Peter Keller, professeur à l’Unité d’enseignement et de recherche en tourisme de l’Ecole des HEC de l’Université de Lausanne, L’industrie du ski a-t-elle encore un avenir, http://www2.unil.ch/spul/ allez_savoir/as28/pages/2_ski1.html

38 Jean-François Lyon-Caen, réinventer la ville d’altitude, la cité dans la montagne, revue l’Alpe, n°24, 2004

39 Maddalena Michellito, Gilles Novarina, La montagne vue par les urbanistes (les années 1930- 1940), Revue de Géographie Alpine, Les stations de sports d’hiver en montagne, n°4, Tome 90, 2002

40 Claude Prelorenzo, Antoine Picon, L’aventure balnéaire, la Grande Motte de Jean Balladur, éditions Parenthèse, collection eupalinos, 1999

41 Conclusion de L. Chappis dans la thèse de R. Knafou cité par Bernard Pagand dans Les stations de loisirs en montagne : Pour qui ? Pour quoi ? Comment ? , Revue de Géographie Alpine, Architecture et stations de sports d’hiver, pp. 11-26, n°3, Tome 84, 1996

42 Le maire de st Martin de Belleville, ex-patron du SEATM dans Aménagement et montagne, n°60, Octobre/Novembre 1986

43 Bernard Pagand dans Les stations de loisirs en montagne : Pour qui ? Pour quoi ? Comment ? , Revue de Géographie Alpine, Architecture et stations de sports d’hiver, pp. 11-26, n°3, Tome 84, 1996

44 Claude Meyzenq, Les sports d’hiver à l’aube du XXIe. Siècle : interrogations économiques et enjeux territoriaux, pp. 23-32, Perspectives pour un nouveau siècle de sports d’hiver, Actes de la conférence internationale sur la montagne / Environnement et sociétés (CIMES), Editions Comp’act, 2002.

45 G. Dufresne, Avoriaz ou la transformation d’un paysage, Les éditions de l’Epure, 1993

46 Gildas Leprêtre dans L’épopée de Courchevel, 1946-1996, la fontaine de Savoie vivante, iloé, 1996, 251pp.

47 Marie Wozniak, Les stations de ski : quelles représentations des clientèles pour quel cadre bâti ? , pp. 18-31, Revue de Géographie Alpine, Les stations de sports d’hiver en montagne, n°4, Tome 90, 2002.

48 E.Carcano, Snow business, stations de ski, enquête sur l’envers du décor, Tétras éditions, 2002.

11/05/2007

Synthèse sur la ville d'altitude

· De la ville à la ville alpine.

La ville est un objet d’étude dont la définition reste subjective et instable dans le temps.

De la ville entourée de murailles (Chambers) à la ville atteignant un certain quota (INSEE 2000 habitants), la ville est aussi une perception d’appartenance d’un groupe social à un lieu, un lieu de rencontre et d’échange.

Pour cela, la ville est tout d’abord définie par le réseau dans lequel elle s’insert. (Christaller). La ville est aussi reconnue comme étant un objet spécifique attachée à son lieu d’établissement comme les villes portuaire ou de montagne.

La ville alpine évoque son milieu d’établissement. Elle aussi est nuancée et subjective. Son appartenance à l’arc alpin n’est pas une fin en soi. Son alpinité est pour certaine une image, un label, mais surtout une spécificité liée à 3 principaux facteurs : le relief, le nombre d’habitants et le type de développement. (Manfred Perlik)

La station possède elle aussi sa spécificité qui diffère de la ville du fait qu’on y passe simplement et que l’on y stationne temporairement. Nombreuses stations sont à la fois station de villégiatures touristique et villes (villes de bord de mer).

· De la station d’altitude monofonctionnelle à la ville d’altitude.

Ville et nature sont a priori en opposition mais depuis longtemps on cherche à les réunir, les mélanger, les greffer (cités-jardins de Howard, ville linéaire de Soria y Mata). Réunir les avantages de l’urbain à ceux de la campagne tenait de l’utopie.

Mais aujourd’hui, la ville intégrée dans son réseau est plus facile par l’évolution des techniques de transport. La réduction du temps de travail entraîne un allongement de la distance domicile- travail, et l’établissement permanent à la campagne est envisageable. Le chemin de fer a élargit les horizons jusqu’à la montagne.

Les stations appartiennent déjà à des réseaux comme les domaines skiables (Les trois vallées, les Portes du Soleil) qui les relient entre elles. La station n’est pas une impasse. Avec les évolutions des techniques de transports, la ville d’altitude devient imaginable.

La ville d’altitude peut être envisagée en tant que solution aux villes fantômes des intersaisons.

Les stations peuvent être perçues comme des villes éphémères. Elles sont villes une partie de l’année et tournent alors à plein régime. La ville d’altitude permettrait de faire revivre, de donner une âme, une ambiance plus spontanée aux stations, sans pour autant être des copies conformes de villes (noms des lieux publics, grands ensembles…). La ville d’altitude propose un nouvel art de vivre en montagne.

Pour cela il faut s’en donner les moyens et envisager certaines mesures faces aux prix des loyers, à la création d’emplois…

Que ce soit un touriste ou un résident, on recherche toujours une ambiance de lieu de vie que l’on y stationne où que l’on y reste.

Des prémisses de ville d’altitude sont décelables actuellement :

- d’un point de vue social :

Plusieurs stations comme La Plagne ou encore l’Alpe d’Huez compte des résidents permanents ravisde leur choix de vie autant que de leur cadre de vie (aussi bien qu’à la campagne en plein air).

- d’un point de vue symbolique :

La station est quantitativement ville d’altitude mais de façon temporaire par le nombre de lits, de services et d’équipements qu’elle offre durant la saison. Une localité de 1 500 habitants peut voir sa population passer à 25 000 personnes.

- d’un point de vue architectural :

En effet, les grands ensembles urbains que l’on trouve dans certaines banlieues de ville ont été parachutés en montagne. On monte en montagne pour se retrouver en ville… l’idée peut sembler paradoxale. Pour certaines stations comme Flaine ou La Plagne, on pourrait qualifier l’architecture d’urbaine.

La réunion de ces 3 caractéristiques ne fait pourtant pas forcément de ces stations des villes d’altitude.

La notion de ville d’altitude tout comme celle de ville reste quelque chose de subjectif.

Faut-il attendre d’atteindre certains quotas pour décréter qu’une station est une ville d’altitude ?

· La ville d’altitude

La ville d’altitude n’est peut-être pas qu’une utopie et peut par la volonté de certains élus ou collectivités être une possibilité de développement des stations de ski.

La ville d’altitude doit tout de même répondre à certaines conditions :

- Une ville d’altitude est intégrée dans un réseau de villes, et doit être accessible par des transports de tous les jours.

- Sa liaison et son ouverture à son environnement proche doivent rester une priorité à entretenir dans une volonté de respect des équilibres ville-nature.

- La ville d’altitude n’est pas que ville dans un cadre spécifique est particulier, mais tout comme la ville alpine possède une identité qui se défend.

- La ville d’altitude reste la représentation du mélange des valeurs urbaines et montagnardes.

- Elle offre emplois, services et logements et est capable de répondre aux attentes des touristes tout autant que des résidents. Elle traduit une manière collective de vivre ensemble.

- Elle propose une diversité d’activités et n’est plus monofonctionnelle.

CONCLUSION ET OUVERTURES

« Le quotidien c’est la ville »47.

La ville d’altitude propose un quotidien en montagne. Cette nouvelle forme d’habiter en montagne est envisagée dans le cas de modification de station monofonctionnnelle dédiée au ski ou en perte de vitesse. La ville d’altitude est un moyen de redynamiser ces stations. Toutes les stations ne sont pas forcément capable d’assumer la densité d’une ville. Ce modèle de ville d’altitude possède bien entendu des limites tant de site, de stations, de volonté des élus locaux…

Certaines réalités techniques sont à prendre en compte lors de densification de station pour éviter certains problèmes. « L’urbanisation imperméabilise (par l’implantation de parkings, pistes, bétons, voiries…) les terrains » ce qui engendre (cas de la stations des Arcs 1600-1800) des inondations dans les hameaux au pied des stations dues aux débords des torrents entraînés par une sousdimension des conduites forcées par rapport aux besoins»48. « Le développement des ces petites villes que sont les stations pose également d’importants problèmes de gestion des déchets et des eaux usées » 48. La ville d’altitude se doit de prendre en considération tous ces facteurs.

La ville d’altitude n’est pour le moment qu’un questionnement des potentiels du devenir des stations de sports d’hiver, elle ne restera peut-être qu’une utopie… mais un lecteur averti en vaut deux…

10/05/2007

III. Spécificités de la Ville d'Altitude

La ville d’altitude a l’ambition d’apporter quelque chose de nouveau dans des perspectives de développement des stations de sports d’hiver qui semblent n’offrir qu’une image un peu trop fidèle à ce qu’elles sont. Le cadre montagnard a la chance de pouvoir offrir un champ expérimental encore très peu exploité aujourd’hui. La ville d’altitude pourrait offrir de nouvelles opportunités à l’avenir de la montagne.

La ville d’altitude n’est peut-être pas qu’une simple utopie et pourrait par la volonté de certains élus ou collectivités être une possibilité de développement des stations de ski. La ville d’altitude est une forme spécifique de la ville comme l’est une ville portuaire ou touristique. Elle possède des caractéristiques propres.

  1. VILLE D’ALTITUDE ET RESEAUX

La ville d’altitude est intégrée à un réseau. L’accès est envisageable par divers moyens de transports, que ce soit des transports en commun ou des transports des particuliers. La ville d’altitude est intégrée au réseau de villes de plaine et de vallée déjà existant. Les villes d’altitude peuvent se relier entre elles.

Bien que certaines soient en fond de vallée, elles ne doivent pas être assimilées à des impasses, il est envisageable de les reliées entre elles par l’utilisation de remontées mécaniques existantes, comme les téléphériques, les trains à crémaillère…etc. Les progrès constants faits dans le domaine des transports ne pourront qu’encourager ces villes à se relier entre elles. La montagne ne devant plus paraître comme un obstacle mais comme faisant partie des caractéristiques particulières du site d’implantation.

  1. VILLE D’ALTITUDE ET LIEU

La ville d’altitude s’intègre à un réseau dans un espace montagnard particulier. Cette implantation en fait sa spécificité. Elle est en constante liaison avec son environnement. Comme l’implantation d’une ville à la campagne, elle se doit de préserver la nature qui l’héberge. Sa liaison et son ouverture à son environnement proche doivent rester une priorité à entretenir dans une volonté de respect des équilibres ville-nature. La ville d’altitude ne s’impose pas à la montagne, elle doit être capable de cohabiter avec elle. Elle se doit de rester humble, et rester discrète pour s’intégrer au mieux. L’intégration au site est une chose importante, car une certaine notion de densité accompagne la notion de ville d’altitude. Il ne s’agit pas de s’imposer à la montagne. Toutes les stations n’ont pas la possibilité d’accepter la densité que la ville d’altitude sous-entend tout en sachant respecter les équilibres. Par son implantation dans un cadre spécifique, la ville d’altitude se doit de rappeler le cadre qu’elle occupe, sans pour autant rechercher à l’imiter et le copier. La ville d’altitude s’en inspire.

  1. VILLE D’ALTITUDE ET IDENTITE

La ville d’altitude n’est pas que ville dans un cadre spécifique et particulier, mais tout comme la ville alpine possède une identité qui se défend. Elle parle montagne, elle la rappelle, elle fait prendre conscience à ses hôtes que c’est un endroit privilégié. La ville d’altitude est nature. Elle est organique et vivante. Comme la nature, elle mue au fil des saisons, ne proposant ni le même visage, ni les même activités en été qu’en hiver. Elle est fidèle à son milieu. Elle ne peut mentir, même si telle est l’attente de certains visiteurs. Un faux chalet n’aura jamais l’odeur de l’étable si aucune vache n’a foulé son sol. La ville d’altitude dit la vérité à ses visiteurs, elle est authentique et non authentoc.

Elle évoque le lieu à sa façon à elle, avec les moyens qu’elle possède et non ceux d’une époque révolue. Elle est vraie. Ainsi, deux villes d’altitude, ont peu de chances de se ressembler, comme les villes alpines chacune aura son identité propre qu’elle défendra. Cette identité sera son âme et l’assurance que les gens viennent pour ce qu’elle est vraiment et non pour ce qu’elle veut faire croire.

  1. VILLE D’ALTITUDE ET MIXITE

La ville d’altitude possède une identité forte qui regroupe des valeurs urbaines et montagnardes. Elle est ville par sa densité, elle est donc capable d’accueillir touristes et résidents permanents. Son fonctionnement peut être urbain mais ses formes sont montagnardes. On est en ville à la montagne. Ce n’est pas être en ville à Paris ou Turin, c’est différent. La ville d’altitude propose la différence. Elle possède des attributs urbains permettant de répondre aux besoins de la ville mais elle offre aussi des opportunités que l’on trouve uniquement dans un cadre montagnard. La proximité de la nature et de la montagne ne peut que rappeler que c’est une ville différente.

Ce ne sont pas seulement les formes qui rappellent la montagne mais le lieu, la situation, le climat et la rigueur des éléments. On ne peut oublier que l’on est en montagne. Certes, nous sommes en ville mais le soleil tape plus fort, les températures sont plus fraîches, la faune et la flore sont différentes, le vent est plus fort, d’autres risques comme les avalanches sont présents. L’architecture de la ville d’altitude rappelle les contraintes de la montagne par des réponses et des formes adaptées. La ville de montagne raconte la montagne, ses avantages ses inconvénients, par les réponses architecturales qu’elle apporte. Ainsi, la ville d’altitude est un mélange de valeurs urbaines et montagnardes. Vivre en altitude est un choix, et les résidents font la part des choses : l’isolement vaut bien le froid, la vue vaut bien le climat, le grand air vaut bien le vent, le calme vaut bien la neige. Toute ville possède ses avantages et ses inconvénients alors autant mixer des valeurs urbaines aux valeurs montagnardes.

  1. VILLE D’ALTITUDE ET COLECTIVITE

Comme chaque ville est le lieu du vivre-ensemble et de la collectivité. « Un des objectifs est de permettre aux nouvelles générations de vivre à Courchevel pour recréer un esprit collectif »46. La ville d’altitude propose échanges et rencontres. Elle est équipée de suffisamment de services afin de pouvoir répondre à la demande de chacun. Elle offre emplois, services et logements et elle est capable de répondre aux attentes des touristes tout autant que des résidents. La mixité résidents peut être un plus dans les échanges au quotidien de chacun. La ville d’altitude propose des emplois saisonniers et permanents, elle ne tourne pas à deux vitesses mais est capable de tenir un rythme de croisière tout au long de l’année. La mixité des résidents qu’ils soient saisonniers ou permanents doit être un avantage et une possibilité d’enrichir la vie de chacun. Pour cela, chacun doit pouvoir se sentir chez soi, qu’il y réside à long ou à court terme.

Les lieux doivent être facilement appropriables pour tous, et favoriser les échanges entre résidents et visiteurs, et ne pas enclaver telle ou telle catégorie.

Ainsi, la ville d’altitude offre des lieux de vie communs comme des restaurants, des bars, des discothèques, des cinémas, des supermarchés… services que l’on retrouve dans toute ville. Mais la ville d’altitude propose aussi des services de tous les jours, pour permanents comme pour les touristes, des coiffeurs, une poste, une boulangerie, créant des emplois sur le long terme. Le télétravail est aussi une façon de travailler sans être obliger de redescendre dans la vallée. Cette activité tend de plus en plus à se développer, bien que semblant être une activité coupant du monde elle pourrait être mise en commun dans un même lieu même si les professions de chacun diffèrent. Ces emplois durables aident la ville à fonctionner toute l’année de façon constante.

Bien sûr, il ne s’agit pas d’avoir aucun saisonnier, toute ville connaît des périodes plus ou moins creuses, la ville d’altitude fonctionnera du tourisme mais pas seulement. Elle sera plus remplie en hiver et moins en automne mais elle ne sera plus considérée comme une station-fantôme vivotant en attendant de voir le retour des touristes à la première chute de neige.

  1. VILLE D’ALTITUDE ET DIVERSITE

Pour cela, la ville d’altitude doit se diversifier dans les activités qu’elle propose, autant dans les loisirs que dans les emplois. En effet, le marché de l’emploi, pour assurer le bon fonctionnement de la ville, doit proposer une offre suffisamment diversifiée et ne se résumant pas seulement aux domaines des loisirs ou du tourisme. Elle doit proposer une offre d’emploi durable afin que les nouvelles générations puissent et aient envie de s’y installer. C’est déjà l’idée de certaines stations : « Transformer Courchevel conçue exclusivement pour les skieurs, en station ouverte toute l’année [afin] de permettre aux nouvelles générations d’y vivre à plein temps »46. D’autres domaines, comme celui de la recherche, pourrait proposer des emplois dans le domaine des eaux et forêts, de la faune, de la flore, de la géologie…ou des emplois dans l’artisanat, la réhabilitation et l’entretien de la station, autant des façades, que des aménagements des logements, en vue d’une régulière mise aux normes et adéquation à la demande. L’implantation d’écoles spécialisées dans le domaine montagnard pourrait injecter du sang neuf dans des stations tournant au ralenti et redynanmiserai la station en vue de son aménagement en ville d’altitude…

La ville d’altitude fait passer la station monofonctionnelle à une ville pluridisciplinaire. « Les sports d’hiver sont moins populaires, c’est d’ailleurs une bonne raison pour se diversifier »33. Elle n’est plus seulement tournée vers l’industrie du tourisme et du ski, mais exploite toutes les opportunités offertes par la montagne, allant de l’accrobranche, aux raquettes en passant par la découverte de la nature, l’escalade, les parcours V.T.T. et beaucoup d’autres…. Selon les sites, la montagne regorge d’un panel d’activités qu’il serait réducteur de résumer au ski.

09/05/2007

II. Pourquoi, Comment la Ville d'Altitude ?

  1. VILLE, NATURE ET ENVIRONNEMENT

La ville d’altitude signifie par ses termes un établissement humain particulier dans un espace particulier. Ainsi, la ville d’altitude est tout d’abord étroitement liée à son territoire et aussi au cadre dans lequel elle s’établit.

Du fait de son altitude, cette ville est en constante relation avec la nature. La ville d’altitude située en montagne semble seule au milieu du paysage naturel imposant qui l’entoure. La ville se définit par ces limites mais aussi par ce qu’elle n’est pas. « La ville est définie par opposition à la campagne »5, c’est un lieu « où l’on vivait autrement qu’à la campagne » 5.

La ville est aussi définie par le cadre qui l’environne, c’est le cas de la ville ouverte : « La ville se définit comme une entité singulière par rapport et en opposition avec le reste de l’espace, mais elle ne peut exister qu’en rapport avec cet autre espace »7. Depuis longtemps la question de la ville située à la campagne reste en suspend. Alphonse Allais déclarai déjà : « Je trouve que l’on a mal choisi l’implantation des villes, il aurait fallu les mettre à la campagne »9. La ville est l’expression des relations qu’elle entretient avec son environnement. « Toute ville procède en permanence à des échanges avec les milieux naturels qui l’entourent » 5. Les cités-jardins (comme par exemple celles de Ebenezer Howard) ne sont que le reflet de cette recherche constante de relation avec la nature et d’équilibre organique entre ville et campagne.

Dans le but de « Conjuguer demain les avantages de la vie urbaine (abondance et hyperchoix) avec la beauté et les plaisirs de la campagne »6, la ville d’altitude semble proposer un certain nombre d’avantages. « La montagne est un sanctuaire de la nature, un réservoir de biodiversité et de cultures traditionnelles, un haut lieu touristique, où la qualité de vie se fait grâce à la proximité d’un cadre naturel »12. « La nature est de plus en plus considérée comme un vecteur fort de qualité de vie »23. Ainsi, vivre à la montagne paraît être une proposition alléchante pour des personnes aspirant à de meilleures conditions de vie. « La montagne est devenue un espace de loisirs, de travail et de résidence, habité, parcouru et exploité à toutes les saisons »37. La montagne n’est plus un espace laissé à l’abandon, la vie l’habite. Le retour des populations à la campagne prend en compte le territoire montagnard d’autant plus qu’il est situé à proximité d’une grande ville de plaine (Turin, Grenoble…).

La montagne fut toujours un espace de ressourcement, de retour « à la terre même, à la communication cosmique avec la nature »6, et tend à devenir un retour chez soi. Les Alpes assument « le rôle de banlieue verte pour les loisirs des citadins »24, c’est-à-dire un rôle de parc de loisirs. La ville d’altitude semble être une solution contre le mitage des paysages « ou la consommation excessive d’espaces naturels »5 par la densification des stations. D’autant plus, que l’on constate une « Croissance urbaine inégale entre montagne et plaine. La montagne est accusée d’un certain retard »13. Elle est aussi une manière de « dépasser les oppositions manichéennes et archaïques entre ville et nature »14. Elle peut aussi être vue comme une opportunité face au trop plein des métropoles au bord de l’apoplexie et au trop vide des campagnes gagnées par le désert. « Les stations de ski du XXe siècle résultent d’un nouveau retour de la ville à la montagne»27, les stations imitent la ville et imitent la montagne. Mais la montagne ne peut plus être seulement considéré comme un décor ou un cadre de loisirs ou de vacances, elle doit être prise en compte dans tout projet, d’autant plus que l’impact d’une ville en altitude peut être important sur son environnement. « Le rôle de l’architecte est alors de rétablir un équilibre entre les formes produites et le paysage qui les accueille »39. Cette notion d’équilibre entre ville et nature est un point important à respecter dans l’établissement de ville en altitude. « Le paysage ne peut plus être considéré comme simple support de projet mais comme une réalité culturelle complexe dont il s’agit de respecter les équilibres »39.

La ville d’altitude impose des conditions de situation, mais à moins de vivre totalement en autarcie, elle requiert la nécessité d’être à distance raisonnable de centres alpins autant pour les loisirs, les commerces que pour le travail. L’installation dans la nature est envisageable par la réduction du temps de travail et la tendance à l’allongement de la distance domicile-travail6. En effet, la ville d’altitude doit pouvoir s’intégrer à un réseau, pour pouvoir supporter la mobilité de ses résidents. Elle peut ainsi attirer habitants, main d’oeuvre et touristes. Mobilité, transports et réseaux sont à prendre en compte lors de l’établissement de ville d’altitude.

B. MOBILITE, RESEAUX ET TRANSPORTS

Si la durée du temps de travail continue à baisser, la distance domicile-travail risque de s’allonger. Les progrès dans les moyens de transports tendent à réduire les temps de déplacement. Il y a quelques années, l’invention du chemin de fer a permis de pénétrer « plus loin et plus haut dans la haute montagne et d’aller plus vite »25 et donc de réduire les temps de déplacement. Etant donné que « 60% des mouvements pendulaires sont effectués en automobiles »8, dans la mesure où les villes d’altitude restent accessibles en automobiles et que les « Temps des déplacements quotidiens [ne dépassent pas] 70 minutes » 8, la ville d’altitude est envisageable car elle s’intègre à un réseau et répond aux contraintes d’échanges et de relations interurbaines. La ville est « un lieu de mouvement » 8. « La ville se dépeuple de ses habitants mais se remplit quotidiennement de ses utilisateurs »8, ainsi, « La mobilité est le support de la croissance urbaine » 8. Or, la remise en cause de la mobilité est envisageable car la création du télétravail peut sembler être une « opportunité face au trop plein des métropoles au bord de l’apoplexie et au trop vide des campagnes gagnées par le désert »6. Habiter une ville d’altitude ne paraît plus comme habiter dans un endroit isolé et coupé du monde. Les liaisons satellites et Internet permettent aujourd’hui d’accéder à beaucoup de services et aussi de travailler à domicile. Selon la théorie de Christaller, toute ville est intégrée à un réseau. Les villes d’altitude pourraient se relier entre elles et ainsi former un réseau si l’on prend en considération les liaisons créées par les remontées mécaniques des domaines skiables. Ainsi, Paradiski, par exemple, pourrait faire partie d’un réseau de villes d’altitude rattaché au réseau des villes de vallée par les routes. La ville est vue alors comme « l’expression des relations qu’elle entretient avec l’environnement »26. La ville d’altitude résulte de son intégration dans un réseau de ville et la prise en compte des mobilités actuelles, de plus, elle semble être un besoin légitime pour certains. La comparaison ville–station revient souvent, elle semble même être une solution et une réponse à la demande en terme d’ambiance ou encore d’emploi à long terme pour « fixer » les populations.

C. BESOINS

1. AMBIANCE

L’ambiance des stations revêt deux masques : Le premier en saison, où tout semble rappeler la ville : le nombre, la densité, les activités…« La stations de ski devient ainsi une ville en miniature, une copie conforme des tendances urbaines et des lieux à la mode. Et l’on monte finalement en montagne pour se retrouver chez soi. En ville…»27. « La montagne environnante est parfois devenue un cadre, un simple décor pour des activités touristiques multiformes »2826, certains touristes citadins viennent en montagne uniquement pour le décor. A cet effet d’urbanisation abusive de la montagne, s’ajoutent le vide et le manque lors de l’intersaison. Les témoignages ne manquent pas : « Si certaines stations de sports d’hiver en montagne ont tendance à être considérées comme des villes, peu s’en faut pour qu’à certaines périodes de l’année elles revêtent l’apparence de « villes fantômes ». Les façades couvertes de volets clos représentent la hantise des stations touristiques ; la hantise de perdre tout leur charme sous les apparences d’une ville morte. Pour lutter contre ce phénomène, les gestionnaires de la station souhaitent convaincre les propriétaires d’occuper davantage leurs résidences ou de les encourager à louer ces dernières par mesures incitatives »29. Il y aussi un « Manque d’indigènes dans la station. C’est devenu tellement cher, tous les gens sont descendus en fond de vallée […] il manque une âme dans Courchevel »30. « Si la commune ne balaie pas, il n’y a personne pour balayer. Si la commune ne fleurit pas, il n’y a personne pour fleurir. Il y a un manque de vie permanente qui fasse que l’accueille soit spontané, que la station soit vivante, comme on peut le retrouver dans les stations suisses, autrichiennes ou même françaises, où la population permanente locale est beaucoup plus insérée au sein des divers types d’hébergements touristiques » . et de plus en plus urbaines. Les citadins viennent chercher l’authenticité du cadre montagnard mais exigent le luxe auquel ils aspirent en plaine. Les ribambelles de bars, restaurants et salles de remise en forme n’en sont que la preuve. Créant ainsi « l’effet paysage de montagne »

Dans l’idéal, la ville d’altitude serait capable de concilier ce trop d’urbanisation et ce trop peu d’indigènes.

2. LOGEMENTS

Mais les besoins ne relèvent pas seulement de l’ambiance ou de l’utilisation du cadre mais aussi d’effort de la part des communes. Pour « créer une nouvelle population permanente à Courchevel […] il faut […] la possibilité de s’installer, c’est-à-dire que les impôts locaux ne soient pas aberrants ou absurdes pour des petits revenus, et qu’il y ait des terrains disponibles pour que les jeunes puissent s’établir »32; sans compter une remise aux normes et une adéquation aux besoins des résidents permanents. Les logements sont souvent désuets et trop petits pour y vivre à l’année. Des travaux d’agrandissement doivent être pris en compte lors d’aménagement de station de sports d’hiver en ville d’altitude.

3. EMPLOIS

En plus de la possibilité foncière et immobilière, s’ajoutent les trop rares opportunités d’emplois durables. Pour « créer une nouvelle population permanente à Courchevel […] il faut […] du travail à l’année, c’est-à-dire que si Courchevel reste une station purement d’hiver, qu’il n’y a pas de travail, c’est un leurre de dire qu’on va faire rester des jeunes ménages ici toute l’année. S’ils n’ont rien à faire, ils ne restent pas là, ils restent saisonniers l’hiver et s’en vont »32. Le tourisme ne s’avère pas une solution durable car il ne propose qu’en majeure partie des emplois saisonniers. « Les touristes qui séjournent ici, veulent se reposer. Ils veulent profiter du calme de la montagne sans forcément skier. Cette forme de tourisme rapporte moins mais elle assure des revenus et des emplois à long terme »33. « Fixer davantage les résidents à l’année dans nos communes, compléter la saison d’été, anticiper les besoins de la clientèle »34 sont des objectifs menant à la ville d’altitude et sa durabilité. Le marché de l’emploi en montagne, dans le cas de station à vocation uniquement touristique, s’avère précaire ; mais, dans le cas de la ville d’altitude, le télétravail, ainsi que la mise en place de professions (non uniquement touristiques) comme des métiers d’observation de la montagne (faune, flore, géologie, glaciologie…), de recherche ou encore de réhabilitation et remise en valeur de la station pourrait être des solutions durables face à la précarité de l’emploi dans les stations de sports d’hiver. Tous ces éléments semblent attendre une ville d’altitude qui n’existe pas encore et qui demanderait beaucoup d’efforts. Mais n’y a-t-il pas déjà une façon de vivre que l’on pourrait qualifier d’urbaine en station, ne serait-ce que sur une durée limitée ? La ville d’altitude est-elle si loin du mode de vie actuel en station ? Par l’observation des quelques résidents à l’année des stations de sports d’hiver, il peut sembler qu’il existe quelques avantages à tirer de la vie en altitude et que l’on peut remarquer déjà souvent et de façon temporaire une préexistence de fragments de ville d’altitude en station de sports d’hiver.

D. PREEXISTANCE DE FRAGMENTS DE VILLE D’ALTITUDE EN STATION DE SPORTS D’HIVER

  1. SOCIAL ET TEMOIGNAGES

Au travers de témoignages de gens qui vivent à l’année en station de sports d’hiver, nous retrouvons les dimensions que nous connaissons en ville. La station apporte une notion du vivre-ensemble, elle est alors considérée comme « un organisme vivant, humain, qui crée la richesse, mais qui doit devenir également une communauté pour les femmes, les hommes et les enfants qui y vivent et y travaillent »35. La notion de mobilité est abordée dans le sens où les habitants préfèrent travailler et habiter sur place plutôt que de s’imposer des navettes quotidiennes 36 entre domicile et travail, c’est-à-dire habiter dans la vallée et travailler en station, ou, à l’inverse, travailler dans la vallée et habiter en station.

Habiter en station présente aussi l’avantage de la vue et du grand air. « Le bon côté de la vie en station réside aussi dans la possibilité, pour les enfants, de pratiquer tous les sports de plein air »36. Une habitante de La Plagne déclare : « Entre une rue sinistre en ville et la vue depuis mon appartement sur dix « 4000 », y’a pas photo ! »36. Habiter en station, parfois peut faire penser à la ville, d’après un résident permanent à La Plagne : « ça fait vraiment ville, les enfants partagent la même chambre et vont jouer sur le parking »36.

2. SYMBOLIQUE

La station de sports d’hiver fonctionne souvent comme une ville mais si ce n’est que de façon temporaire. En effet, le caractère éphémère fait partie de la station mais si l’on parle de ville d’altitude on parle alors de durée et de permanent. Or, si l’on observe la station lors de son fonctionnement en plaine saison, on ne peut nier l’évidence : la station brasse des gens, des services, des flux comparables à ceux d’une ville. « Des communes touristiques peuvent être considérées comme des villes temporaires par leur nombre de lits ainsi que leurs infrastructures routières, d’approvisionnement et de services »11. Le gigantisme que prend la place du tourisme est tel que, dans certaines stations, on n’est plus dans le petit village montagnard mais dans une véritable ville d’altitude. « Des centres de shopping très importants en montagne [sont créés] aussi, car il faut satisfaire le consommateur dans tous les domaines »37. « Le tourisme de montagne devient très vite et de large proportion un tourisme urbain »28 drainant les gens des villes à la montagne. « Lors de sa fréquentation maximale, la station de Crans-Montana abrite jusqu’à 45 000 personnes, à ce moment il s’agit de la plus grande agglomération du Valais puisque Sion, capitale et plus grande ville du canton, compte 25 000 habitants »18. Pourtant, une localité de 1 500 habitants peut voir sa population passer à 25 000 personnes assurant les services nécessaires sans que la localité soit considérée comme une ville.12 « Certaines stations de sports d’hiver se transforment ainsi en villes alpines regroupant une communauté humaine installée à demeure, comme à l’Alpe d’Huez, à 1800m d’altitude, où plusieurs centaines de personnes vivent à l’année »38. « La station est une agglomération urbaine… elle s’apparente à une cité industrielle, à une ville fonctionnelle, construite dans un but défini et dont le développement est intimement lié à l’industrie qui la fait vivre ; pour les stations de sports d’hiver, l’industrie vitale est les sports de neige » (avant-projet de l’équipement de la vallée de l’Arve, 1942)39. Très vite les grandes stations de ski sont comparées à des « usines » à skieurs, où la course au gigantisme devient l’objectif ultime. Il faut alors rentabiliser les frais d’installation par la venue massive de skieurs et pour cela il faut pouvoir les loger. La réhabilitation de fermes montagnardes fait alors place à la standardisation des logements afin de réussir à loger rapidement le grand nombre, attitude que l’on connaît déjà dans les grandes villes de la métropole.

3. ARCHITECTURE ET URBANISME

On assiste progressivement à la modification progressive du village en station puis en ville par l’architecture. « Les architectes de stations de sport d’hiver s’attachent à reproduire en pleine nature, les cités de périphérie qui se multiplient aux alentours des villes »40. L’architecture des grands ensembles de l’époque est beaucoup critiquée aujourd’hui, les citadins venus chercher une certaine forme de dépaysement quittent la ville pour rejoindre la ville. Ils se demandent alors : Où se situe le dépaysement ? Où se situe l’imaginaire ? Où se situe l’authenticité ? qu’ils sont venus chercher et ne les retrouvent pas vraiment dans l’actuel néo-régionalisme faisant du pastiche et du vrai faux-vieux. « Au regard de son urbanisme et de son architecture, Crans-Montana s’apparente davantage à une ville qu’à une station »18 et ce n’est pas la seule station qui présente les traits d’une architecture urbaine. Facilement les reproches et les critiques tombent : « Les grands ensembles, au même titre que les stations intégrées (type Flaine) sont incapables d’établir la moindre relation avec le territoire qui les entoure »39. Certains reconnaissent les erreurs : « En fait, on a pas cherché à savoir ce que désirait la clientèle, on lui a offert une ambiance urbaine alors qu’elle recherchait le dépaysement »41, d’autres l’avaient prédit : « Nous sommes en train de construire de véritables taudis touristiques dont personne ne voudra plus en l’an 2000 »42. L’architecture des stations de montagne, autant que celle des villes d’altitude est en attente d’autres choses, de nouvelles choses : ni villes, ni faux-villages. Dans un cadre différent, l’architecture et l’urbanisme se doivent d’être différentes pour répondre davantage aux attentes du public. « Tardivement faite l’analyse de la vie des touristes en station montre que le ski n’est pas leur unique préoccupation, même dans les grandes stations (« usines à ski ») près d’un tiers de touristes ne fait pas de ski alpin. L’idée d’environnement est devenue forte, on parle de renaturaliser la montagne. L’urbanisation, même si des lits continuent de se construire, n’est plus pensée en terme d’expansion mais en terme de requalification : comment transformer les « villes nouvelles » en villes avec des qualités d’espaces différentes ? »43. La démarche est en cours mais peu de stations prennent l’exemple du Vorarlberg où l’innovation a pris la place de la facilité de la standardisation et de la copie produisant plus de « l’authentoc » que de l’architecture locale. Certaines stations comme Avoriaz ont su passer à côté de ces erreurs : « Depuis les années 50 et la ruée vers l’or blanc, l’immeuble collectif étant devenu une nécessité économique, les stations de sports d’hiver l’ont assimilé selon 2 modes d’emploi. Le premier utilise la référence du chalet qui semble être brutalement saisi par un étrange gigantisme. Le second se calque tout simplement sur celui des grandes cités urbaines arborant tours et barres parfaitement ordonnancées quel que soit le site qui les accueille. Ni l’un ni l’autre ne franchissent les portes d’Avoriaz »45.