07/05/2007

Introduction à la ville d'altitude

Lors de l’essor du ski, beaucoup de stations de sports d’hiver sont conçues « ex nihilo » dans l’unique but de la pratique du ski. Cette attitude a engendré des typologies bien caractéristiques répondant à la demande du skieur. Il gare sa voiture en contrebas de la station, loge dans des bâtis faisant front de neige devant lesquels la grenouillère est un espace de connexion au domaine skiable.

Ainsi, il admire le domaine skiable depuis son appartement laissant derrière lui : vallée, pollution et stress du quotidien. La montagne et le ski deviennent un refuge saisonnier pour les vacanciers et seuls les « autochtones » (agriculteurs ou éleveurs) y passent leur quotidien.

Mais le temps passe, et les pratiques se diversifient, évoluent, mutent. Les besoins, les envies ne sont plus les mêmes. Avec la création de la semaine de 35h et les nouveaux moyens de transports, les distances semblent raccourcies et la mobilité est plus importante. Chacun est libre d’établir son domicile où il lui semble faire bon vivre et ce choix peut tout à fait se porter sur l’environnement montagnard. Il semble légitime de se demander si la montagne possède un autre potentiel que celui d’accueillir des touristes en soif de dépaysement ? Pourquoi la montagne ne serait-elle que le lieu du tourisme et des vacances ? N’a-t-elle pas une capacité d’évolution non encore explorée jusqu’à présent ? N’a-t-elle pas le potentiel d’offrir un nouvel art de vie en montagne ?

Beaucoup de stations de sports d’hiver semblent en perte de vitesse, ou encore souffrir d’un manque de fréquentation, autant que de neige. Ces stations sont à la recherche d’une nouvelle image, de nouvelles perspectives de développement capables de les redynamiser.

Dans le champ d’interrogations soulevées à propos du devenir des stations de sports d’hiver, les réponses sont aussi diverses que contrastées : diversification des activités, réorganisation voire désarmement partiel du domaine skiable, réhabilitation et remise en valeur de la station par des interventions au niveau du bâti…etc.

Ces diverses solutions sont réalisées de manière ponctuelle et non dans un projet global de réaménagement où la station est considérée dans son ensemble. La station reste étudiée de façon réductrice comme unique support du tourisme alors qu’elle possède des potentiels bien plus ambitieux.

En effet, la station ne peut être uniquement considérée comme un petit village de montagne accueillant quelques sportifs, curistes ou contemplatifs Aujourd’hui, elle est tout autre. Elle s’équipe, se développe, se gonfle temporairement de touristes avides de besoins aussi variés qu’étranges dans un environnement montagnard. Ainsi, voit-on se développer de gros centres commerciaux, d’immenses salles de cinéma ou encore d’imposantes séries de restaurants, bars et discothèques. Mais, qu’en est-il de la recherche du dépaysement, de la tradition, des valeurs montagnardes que les touristes sont venues trouver dans ces stations ?

La station de sports d’hiver d’aujourd’hui se maquille en petit village tyrolo-savoyard dissimulant une réalité que l’on n’accepte de voir : la station de sports d’hiver tend à devenir, si elle ne l’est pas déjà, une ville d’altitude.

Le propos de cette étude vise à définir plus précisément où s’arrête la station et où commence la ville d’altitude ? Mais aussi si la ville d’altitude est une alternative au développement des stations de sports d’hiver.

Nous nous attacherons, tout d’abord, à souligner les différences et les caractéristiques des termes : ville et station.

Ensuite, nous expliciterons, plus précisément, dans quelles conditions et pourquoi se pose la question de ville d’altitude comme devenir de la station de sports d’hiver.

Puis, enfin, nous tenterons de proposer une définition plus précise des spécificités de la ville d’altitude.